samedi 24 janvier 2009

Fabian, le gaucho de la pampa (20 – 21/12/2008)

“Il ne pleut jamais ici” nous assure le vendeur de la minuscule échoppe qui fait aussi office de station-service à Tapi Aike. 160 km de pampa desertique nous attendent sans aucun lieu de ravitaillement jusqu'à Calafate. Nous quittons la route goudronnée pour prendre une piste qui raccourcit notre parcours de 80 km.
Deux heures plus tard, la pluie battante nous frigorifie. Nous continuons de rouler puisque là où nous sommes, aucun arbre, aucune butte ne protègerait notre tente du vent. La piste est encombrée de gros galets sur lesquels les vélos glissent. Avec la fatigue et le froid, le moral diminue et les erreurs de pilotage sont plus nombreuses. Soudain, au détour d'un virage, nous apercevons des chevaux. Espoir! Cela signifie qu'une estancia (ferme) est toute proche! Effectivement, une petite maison fume à proximité de la piste et nous allons pouvoir demander si nous pouvons nous réchauffer à l'intérieur. A notre grand soulagement, le gaucho qui nous reçoit nous ouvre sa porte. Nous entrons dans une pièce toute simple contenant un poêle à charbon, une gazinière, un évier, une lampe à gaz et une table.


Fabian, le gaucho qui vit ici, emplit le poêle de charbon qui vient de la mine de Rio Turbio. Bien typé “moreno”, il n'est pas très grand mais trapu, mat de peau et les cheveux bien noirs.
Il nous offre un thé et des “tortas fritas” (petits pains frits) que nous acceptons avec plaisir pendant qu'il boit la boisson locale: le maté. Fabian est un homme peu bavard mais répond toutefois à nos questions. Nous apprenons qu'il travaille avec son frère sur l'estancia, mais qu'il passera Noël seul, ici, pour surveiller le troupeau de moutons pendant que son frère sera dans leur famille à Rio Gallegos, ville située à 3h de route sur la côte est. En revanche, ils échangeront pour le nouvel an.
La pluie ne cesse de tomber et Fabian nous propose de dormir dans un bâtiment plutôt que sous la tente. Nous serons donc au sec ce soir! Puis, il nous invite à diner. Cette fois-ci, nous avons quelque chose à offrir : un “pan de pasqua”. Malgrè le nom qui rappelle Pâques plutôt que Noël, il s'agit d'un cake aux fruits secs confectionné pour Noël aussi bien en Argentine qu'au Chili. Après la déception de Torres del Paine, nous sommes heureux de partager ce moment convivial avec Fabian. Le diner s'avère un régal avec des empanadas, du poulet rôti et des légumes du jardin, ainsi que du pain maison et notre fameux cake.

Dans la bonne humeur générale, Fabian nous réserve une surprise supplémentaire: du “flan casero” (crème aux oeufs nappée de caramel) : c'est Noël avant l'heure! Nous finissons la soirée avec le partage d'un maté au coin du poele. Au petit matin, nous quittons Fabian qui, en tenue de travail, est prêt à partir à cheval pour faire le tour du troupeau, et nous partons pour de nouvelles aventures dans la froideur du premier jour de l'été et de nos premiers 1000 km.