5h00, le réveil s'enclenche. Hors de question de traîner dans le duvet bien chaud car nous avons rendez-vous à 5h30 avec des copains allemands, et comme nous le savons tous : les allemands sont ponctuels!
Sous les premières lueurs de l'aube, nous sortons de El Calafate en direction de l'ouest. D'imposants icebergs flottent sur le lago Argentino tandis que le paysage se teinte d'une couleur rosée. La route est déserte, le vent semble calme. Nous ressentons un petit pincement au cœur de faire ce trajet en voiture et non pas en vélo, mais nous n'avions guère le choix ayant appris qu'il est impossible de camper dans le parc national. Nous apprécions donc différemment les 80 km qui nous separent de notre but du jour : le glacier Perito Moreno.

Vers 6h30, nous entrons dans le parc. Au détour des virages, nous apercevons une grande masse blanche se jettant dans le lac. Enfin, nous arrivons face au monstre de glace. Il est là ce fameux glacier, à quelques dizaines de mètres de nous, exposant fièrement ses 60 mètres de hauteur dans les lumières matinales. Nous sommes presque seuls, les cars de touristes n'arriveront que vers 9h30. Les oiseaux commencent à chanter et les nuages de bruine jouent avec le soleil laissant passer quelques timides arcs en ciel.

Soudain, le silence est rompu par un énorme craquement comme un coup de fusil qui détonne dans le ciel. Rien ne bouge, le glacier bleuâtre tente de nous impressionner. D'énormes fractures le lacèrent donnant l'impression que des blocs sont en équilibre instable. Nous sommes face à lui à le scruter en retenant notre soufle. Un nouveau grondement résonne ! Cette fois-ci, nous voyons des séracs s'éffondrer en cascade dans le lac. Oui, il est bien vivant le glacier Perito Moreno : il grogne, il gronde, il avance ! Son fluage est de plusieurs cm par jour et est beaucoup plus important au centre que sur les bords.
Plusieurs heures durant, nous déambulons sur la passerelle pour l'observer de toutes parts, fascinés par sa masse et sa mouvance fracassante.

Un autre grognement se fait entendre mais celui-ci est plus proche : c'est notre estomac ! Nous préparons notre petit-déjeuner et mangeons face au glacier. Ce sont les derniers instants de calme dont nous profitons avant le defilé des bus. Nous rentrons alors vers El Calafate pour préparer le reveillon de Noël avec nos nouveaux amis cyclistes, tout en préservant dans notre mémoire le souvenir de ce glacier exceptionnel.
