samedi 24 janvier 2009

Un Noël pas comme les autres (24-25/12/2008)

Nous venons de traverser la pampa argentine pendant trois jours, séchés par le vent, trempés par la pluie et frigorifiés par le froid, et nous atteignons enfin El Calafate. Jusqu’au bout il nous aura fallu lutter et c’est à l’arraché que nous parvenons enfin au centre de la petite ville touristique, après 4h de combat acharné contre le vent, à une vitesse moyenne de 7-8 km/h. Exténués et écoeurés, nous nous rendons au camping El Ovejero pour nous y reposer un peu.

Seulement, nous sommes le 22 décembre, Noël approche très vite et nous ne savons pas où nous célèbrerons la fête de la nativité. Surtout, nous voulons éviter un Noël glauque au milieu de la Pampa, réfugiés dans notre tente balayée par le vent. En arrivant au camping, nous retrouvons Dorothe et Sven, un couple de cyclistes allemands rencontrés brièvement à Cerro Castillo. Nous entamons la discussion quand un autre cycliste nous rejoint. Philippe est suisse, genévois, et son visage s’éclaire lorsque nous parlons en francais. Le courant passe tout de suite. Nous les laissons pour monter notre tente et déballer nos affaires. Pendant que nous installons tout notre barda, Philippe nous rend visite : « Nous allons faire un asado (barbecue) avec les autres cyclistes ce soir, voulez-vous vous joindre à nous ? » Sans hésiter, nous acceptons avec joie.

Le soir même, nous nous retrouvons tous autour d’une bonne table couverte de viande grillée. Nous faisons la connaissance d’Ana, l’épouse de Philippe, et de Pawel et Magdalena, un couple de cyclistes polonais partis depuis plus de trois ans. Sven est à la manœuvre et distribue boudins, cotelettes, filets de bœuf et gigots d’agneau en continue. « Qu’allez-vous faire pour la veillée de Noël ? » nous demande Dorothe. Embarrassés, nous ne savons pas quoi répondre. « Nous avons réservé une nuit à l’hôtel à l’intérieur du parc des glaciers, mais il nous faut aller là-bas et cela va nous coûter cher » ajoute-t-elle. Et tout le monde décrit son programme du réveillon, pas très alléchant dans l’ensemble. Et si nous le célébrions tous ensemble autour d’un super asado, entre cyclistes ? Tous se regardent, et quelque chose se passe. Nous nous sentons tellement bien tous ensemble que quelques secondes de réflexion suffisent : Super idée ! C’est décidé, c’est en compagnie de notre « nouvelle famille » que nous célébrerons la veillée de Noël. Dorothe et Sven annulent leur nuit d’hôtel et tout le monde organise son programme pour que nous nous retrouvions tous ensemble le 24 décembre en fin d’après-midi.

Le 23 décembre, nous nous reposons en ville, et le 24 au matin, nous nous rendons au célèbre glacier Perito Moreno, impressionnant fleuve de glace se jetant dans le lac Argentino (voir le post dédié). En milieu d’après-midi, nous rentrons à El Calafate pour commencer à préparer le barbecue. Mais tout était déjà prêt. Ana et Philippe avaient acheté près de 5 kg de viande, plusieurs bouteilles de vin et de la bière. Trois jeunes cyclistes allemands nous ont rejoints depuis la veille. Dans une ambiance bon enfant, nous allumons le feu un verre de bière à la main.







Deux heures plus tard, la viande grillée succulente remplissait nos assiettes. Philippe et Sven racontent blague sur blague, et nous rions, mangeons et buvons au sein d’un groupe où chacun est adopté comme un membre de la famille cycliste. A minuit, les feux d’artifice fusent des hauteurs de la ville, la musique s’échappe des maisons en fête et des groupes de jeunes en tenue de soirée parcourent les rues enivrés par l’ambiance de fête. Nous les saluons de loin regroupés autour d’un bon feu, et nous jouons à imiter des personnages célèbres de nos pays respectifs. Nous rions tant que nous en avons mal au ventre ! Mais à 4 heures du matin, la fatigue l’emporte sur l’allégresse, et tout le monde se quitte pour aller se coucher, le cœur plein de joie.




Le 25 décembre, jour de Noel, se passe au ralenti. Ceux qui devaient partir décident de rester un jour de plus. Ce n’est que le 26 au matin que notre « nouvelle famille » se sépare. Un sentiment étrange mêlé de tristesse et de joie nous prend tous ensemble. Après de tels moments intenses, il est pour nous déchirant de dire adieu a nos amis. Une dernière photo de groupe, une dernière accolade, et chacun enfourche son vélo le cœur lourd vers sa destination.




Un grand vide s’installe autour de nous, restés un peu plus longtemps au camping. Nous pensons alors très forts à notre famille qui, elle, restera toujours, et nous espérons sincèrement que leur Noël fut aussi beau que le nôtre.