vendredi 26 décembre 2008

Punta Arenas : 1978 - 2008

Jeudi 4 decembre 2008, à Punta Arenas, une journée comme les autres ... ou presque. Nous sommes arrivés ce matin par la bateau depuis Porvenir et nous voici en Patagonie continentale sur les rives du Détroit de Magellan. Nous restons dans la ville aujourd’hui afin de faire quelques achats pour le vélo et pouvoir mettre nos premiers textes sur le blog. Sur les bons conseils du gérant du camping, nous découvrons un petit marché au poisson inconnu des touristes. Dans un couloir aux murs décrépits d’un vieux bâtiment, de minuscules pièces sombres servent de locaux aux vendeurs de poisson. Quelques mètres plus loin, un autre couloir avec des pièces identiques est le coin des « boui-bouis ». Quelques tables poisseuses, un petit coin cuisine, pas plus de 8 personnes tiennent dans ces pièces et c’est dans une ambiance bien locale que nous dégustons à la bonne franquette une bonne assiette de poisson.
Plus tard, nous passons devant un bâtiment administratif sur la place principale et nous remarquons quelques barricades, un tapis rouge et les drapeaux chilien et argentin hiissés sur les mâts. Surprenant car le moins que l’on puisse dire ... ces deux peuples ne s’entendent guère. Notre curiosité nous pousse à demander la raison du tapis rouge à une policière en service. Punta Arenas, petite ville de 120 000 âmes, s’apprête à recevoir deux personnalités de soir. Et pas des moindre puisqu’il s’agit de Michèle Bachelet, présidente du Chili, et Cristina Kirchner, présidente de l’Argentine ! La surprise doit se lire sur nos visages tellement nous sommes ébahis. La probabilité de voir une femme présidente était déjà minime, mais deux présidentes à la fois dans cette si petite ville au sud de la Patagonie ... la nouvelle a de quoi être renversante. Nous n’aurions raté cela pour rien au monde, et à 19h30, nous étions postés en position stratégique (i.e. derrière les journalistes) avec devant nous quelques rangées de chiliens et une seule barricade. A 150, le long du tapis, une fanfare militaire attend patiemment, tandis que le public se regroupe le long des barricades. Nous ne voyons ni CRS, ni homme posté sur les toits, et nous sommes à 50 m du tapis. Une femme vient se poster à l’extérieur du bâtiment sur le tapis rouge et attend stoïquement l’arrivée des présidentes.


José, un chilien de Punta Arenas, nous explique qu’il s’agit de l’intendante de la province (l’équivalent du préfet pour nous). Avec du retard, Michèle Bachelet et Cristina Kirchner arrivent enfin. Côte à côte, les deux présidentes écoutent l’hymne national chilien puis l’argentin jou’es par la fanfare, tandis que l’intendante de la province attend à l’autre bout du tapis rouge. Bien grands à côté des chiliens, nous ne ratons pas une miette du protocole officiel avant que les trois politiciennes disparaissent à l’intérieur de la préfecture.


José nous explique la raison de cette rencontre : il y a 30 ans, le Chili et l’Argentine étaient en conflit pour déterminer leur frontière en Patagonie Australe. C’est finalement le pape Jean-Paul II qui a statué la frontière entre les deux pays en traçant une ligne le long d’un méridien. Aujourd’hui 4 décembre, la rencontre entre les deux représentantes du Chili et de l’Argentine célèbre la fin du conflit à Punta Arenas qui était une base militaire chilienne.