jeudi 12 mars 2009

Alicia, la “mama du Chili” (9-11 février 09)

Nous arrivons à Cantao, petit village situé entre Hornopiren et Puerto Montt. C’est ici, à côté de la rivière, que nous voudrions passer la nuit. La piste était difficile aujourd´hui et la chaleur a épuisé Olivier. Nous tournons en vain dans le village en quête d’un espace libre pour passer la nuit. Alors que nous sommes arrêtés, une femme portant une fillette sur les épaules nous accoste : “ vous cherchez à camper?”. Sur notre réponse positive, elle ajoute : “venez dans mon jardin, il y a de la place”. Sa maison est juste devant nous. Surpris, nous lui demandons le prix…réflexe d­­’européen trop habitué au service payant. “Mais rien !” nous dit-elle, “je vous invite”. Nous nous laissons guider jusqu’au jardin. “J’emmène la petite à la mer, installez-vous, il y a des toilettes et une douche à la maison, mais par contre, il n y a pas d’eau chaude”. En un clin d oeil, nous nous retrouvons seuls dans le jardin d’une inconnue sous la surveillance de son chien Perruche qui fuit quand on s’approche de lui.

Le lendemain matin, notre hôtesse nous offre un petit-déjeuner de roi avec du pain, de la confiture de prune et des chaussons aux pommes, le tout fait maison. C’est notre second petit-déjeuner, mais politesse oblige, nous trouvons, sans trop de peine, une place supplémentaire et nous nous régalons en découvrant les deux petits bouts de femme que sont Alicia et Tyaret, sa petite-fille. Elles sont toutes les deux des sacrés personnages. L’une “morena” et l’autre blonde aux yeux bleus, elles débordent d’énergie et de vie. Après présentations d’usage, Alicia nous dit tout naturellement : « Vous restez là toute la semaine, n est-ce pas ? Il y a la fête du village à partir du 15 février. » Comment lui dire que nous avions l’intention de partir ce matin ... Nous tentons de lui expliquer, mais elle réplique : « Mais si, vous devez rester, il y aura pleins d animations ! »



Après 2h de discussion, toujours face à notre petit-déjeuner, Alicia sort avec fierté 2 énormes saumons du frigo : “C’est pour ce midi, vous aimez ?”. Ahhh, nous sommes séquestrés !!! Impossible de reprendre la route maintenant, ce serait trop impoli. Nous décidons de rester encore une nuit et d’en profiter pour écrire nos textes.

Alicia nous met dehors pour préparer le déjeuner. Olivier, attiré par la rivière regorgeant de saumons, sort impatiemment sa canne à pêche et après 10 minutes de pêche (dont un coup dans un arbre par précipitation) et ramène fièrement un saumon de quelques kilos en cadeau à notre hôtesse. Tyaret, aussi énergique que sa grand-mère, vient jeter un oeil sur nos occupations (dont la lessive) et se met en tête de nettoyer notre linge. « Ce doit être génétique », me lance Olivier. Non mécontents d’avoir trouvé une Cosette volontaire pour cette tâche, nous la regardons faire avec amusement, jusqu’à ce qu’elle frappe le linge sur le sol pour l’essorage ... et le mette à sécher sur la balançoire. Quelle famille !





Pendant le repas, Alicia nous explique qu’elle va ouvrir une maison d’hôte dans la maison qu’elle construit. Elle va également apprendre le métier d’apiculteur, tout comme le faisait son grand-père. A 50 ans, Alicia va pouvoir enfin avoir sa propre maison et se lancer dans de nouveaux projets. « Je serai tellement triste quand vous partirez demain », nous dit Alicia dépitée à la fin du repas. Nous tentons de la consoler tout en nous demandant comment elle a pu s’attacher à nous aussi vite. Puis c’est l’heure de la sieste et nous en profitons pour écrire.
Le soir, nous sommes à nouveau conviés dans la petite cuisine pour partager du vin et quelques empanadas qui font office de dîner. Zacarias, le compagnon d’Alicia, ainsi que son frère sont avec nous. Ce sont des pêcheurs et demain, tous vont ramasser des fruits de mer en bateau. Nous sommes invités à se joindre à eux. Notre retard sur notre route nous fait hésiter mais finalement, nous annonçons la bonne nouvelle à Alicia : « Nous venons avec vous demain matin, mais par contre nous prendrons la route demain après-midi ». Son visage s’éclaire soudainement et nous sommes ravis de lui faire autant plaisir.

6h30 le lendemain. Nous nous levons pour ne pas rater le bateau. Aucune animation dans la maison, il semblerait que personne ne se soit réveillé. Nous sommes prêts quand Alicia sort en courant de la maison pour nous dire que nous avons raté le premier bateau et que nous devons les attendre le temps de savoir si le second bateau peut nous emmener. Une heure plus tard, Alicia et Zacarias ne sont pas revenus, et nous devons nous rendre à l’évidence : ils sont partis sans nous ! Nous décidons de plier bagage, nous ne pêcherons pas en mer au Chili cette fois-ci. Malgré tout, nous attendons leur retour vers 13h, et nous partageons une énorme marmite de fruits de mer fraîchement pêchés du matin. Puis il est temps pour nous de reprendre la route en laissant derrière nous Zacarias et Alicia, qui s’est elle-même surnommée notre « Mama du Chili ».