mercredi 27 mai 2009

La Terre selon le peuple Quechua (02/05/09)

Après la longue traversée du désert, nous retrouvons avec plaisir les vignobles et jolis villages du nord de l'Argentine à mesure que nous approchons de Cafayate, petite ville située sur les contreforts de la Cordillère. A partir d'ici, nous avons le choix entre deux routes pour rejoindre Salta. Le choix est cependant difficile car ces deux routes semblent aussi fantastiques l'une que l'autre par leurs paysages et leurs descriptions nous plongent dans notre imaginaire. Alors que la piste la plus à l'ouest tente nos instincts d'aventuriers, nous nous résignons à prendre la route la plus courte et surtout goudronnée face aux trois semaines de retard emmagasinées ces derniers mois.

Nous voici donc partis vers les Quebradas de los Conchas (littéralement : ravine des moules) ! Des vignobles encerclant Cafayate, nous passons rapidement à un décor désertique, balayé par les vents du nord qui soulèvent du sable en tourbillons pour venir nous fouetter de côté. "Ça me rappelle vaguement quelque chose..." ironise Olivier, crispé sur sa bicy. Face à nous, la cordillère orientale laisse entrevoir une étroite vallée dans laquelle nous nous engouffrons rapidement pour fuir le vent. Après quelques kilomètres, le dépaysement est total. Nous entrons dans un monde rougeoyant aux formes qui réveillent notre imagination, et pas seulement les nôtres au vu des noms donnés aux paysages successifs, tels que "l'Obelisque", "les châteaux" ou encore "l'Amphithéâtre".




Déambulant au petit matin entre les imposantes formations de grès rouges ou d'argiles multicolores, notre oeil est attiré par un stand en bois où sont étalées de belles céramiques aux dessins indigènes. Une femme s'active à disposer plats, assiettes, bols, pots à maté et divers autres produits destinés à la vente. La conversation s'engage très vite et Mirta semble prendre plaisir à répondre à nos questions. Mirta nous explique les différentes techniques qu'elle utilise pour confectionner ses céramiques. Ce sont en fait des techniques ancestrales Quechuas, transmises de génération en génération tout comme les symboles dessinés sur ces céramiques. Lorsque nous demandons d'où vient la matière première, Mirta s'exclame : "des montagnes juste derrière !". Mirta est intarissable sur sa culture et nous sommes avides de ses propos. Nous apprenons ainsi que les Quechuas vénèrent la Pachamama, la Terre nourricière, d'où ils tirent leur subsidence : le bois pour se chauffer, leur nourriture, l'argile et les pigments pour leur art, et plus indirectement, le lait et la laine de leurs lamas, sans oublier leur inspiration artistique.




Et puis, Mirta me confie avec des yeux brillants : "Nous autres, les Quechuas, nous vivons en harmonie avec la Terre. C'est un lien très fort et quand je me promène dans la montagne, c'est tellement beau et silencieux que mon esprit se libère et s'envole comme un condor dans le ciel."


Toute la journée suivant cette rencontre incroyable, nous rêvons doucement sur ces paroles. Des questions viennent se bousculer dans nos têtes : nous, européens, que nous reste-il de ce lien avec la Nature, avec notre Terre ? Nous aussi, nous vivons de la Terre, nous puisons ses richesses, sans même parfois en avoir conscience, mais il est évident que nous le faisons dans l'excès et que toute harmonie avec notre Terre est rompu depuis bien longtemps...

" En fait, cette rencontre résume bien notre projet " me dit Olivier. Après 5 mois de voyage, nous apprenons toujours plus de chacune de nos rencontres, mais cette rencontre prend un sens encore plus particulier en visant le coeur de notre aventure...