mardi 23 juin 2009

Chuquicamata, la mine géante (Chili, 25 /05/09)

A 100 kilomètres à l’ouest de San Pedro, en plein désert d’Atacama, un site incroyable a vu le jour : la mine de cuivre de Chuquicamata, la plus grande mine à ciel ouvert du monde. Nous nous y rendons en bus, via Calama, situé à 16 kilomètres de la mine. Déjà, depuis Calama, nous apercevons les énormes résidus de la mine, accumulés en tas monumentaux aussi hauts que les montagnes alentour. La CODELCO (Corporacion Nacional del Cobre), l’entreprise nationale chilienne gérant l’exploitation du cuivre dans tout le Chili, organise la visite de la mine en bus. Etant donné que nous n’avons pas obtenu l’autorisation de la visiter avec un géologue, malgré l’aide de notre ami César à Santiago, nous ferons la visite avec le bus touristique.



Mais à propos, à quoi sert le cuivre ? En fait, nous avons du cuivre partout dans notre entourage. Tout d’abord, quasiment tous les fils électriques de votre maison sont en cuivre, car le métal rouge est excellent conducteur électrique. De ce fait, tous les circuits intégrés de vos appareils électroniques sont également en cuivre. Et les plus anciens se rappelleront des marmites en cuivre, excellentes pour faire les confitures, entre autre. Enfin, le cuivre est également utilisé en industrie de haute technologie, comme en domaine médical.

Le bus nous prend à l’entrée de la mine et nous emmène dans un premier temps dans l’ancien camp de la mine. Il s’agit d’une ville où vivaient les mineurs et leur famille, c'est-à-dire près de 20 000 personnes ! Abandonné depuis février 2008, le camp était une véritable ville avec toutes les infrastructures disponibles, y compris un hôpital, le plus moderne d’Amérique du Sud à cette époque.


Le bus s’engouffre alors à travers les installations minières. Soudain, une roue gigantesque passe devant le pare-brise du bus. Cette roue, plus haute que le bus lui-même, est celle d’un des camions géants transportant le minerai. Ces monstres peuvent transporter jusqu’à 360 tonnes de minerai en un trajet ! Et pour information, chaque pneu de ces camions coûte 60 000 dollars. Quel gigantisme !



Pourquoi utiliser des camions aussi énormes, les plus gros du monde ? Nous aurons la réponse quelques minutes plus tard, lorsque le bus nous dépose au mirador qui surplombe la mine elle-même : devant nous s’étend un trou monumental, de 5 km de longueur, 3 km de largeur, et 1 km de profondeur. Un monstre ! Au fond, nous apercevons les camions qui, 5 minutes auparavant nous ont tant impressionnés, et qui paraissent des fourmis. La guide nous explique alors que les camions mettent 45 minutes pour remonter du fond de la mine. Nous sommes sidérés par un tel spectacle !




Quelle est l’origine d’un tel gisement ? Il s’agit ni plus ni moins d’une énorme intrusion de granite, c'est-à-dire du magma en fusion remonté des profondeurs. Cette masse de magma s’est ensuite refroidi et solidifié à quelques kilomètres de profondeur. En se refroidissant, le granite a généré un immense système hydrothermal, où des eaux surchauffées sont remontées vers la surface en transportant des minéraux dissouts. En remontant, la température de ces eaux hydrothermales a diminué, et les minéraux se sont déposés en veines.

Les minéraux exploités à Chuquicamata sont de deux types. Des oxydes de cuivre, de couleur bleu-vert, se trouvent dans les 300 premiers mètres les plus superficiels de la mine. Dans les minerais d’oxydes de cuivre, le cuivre se trouve en concentration de 0,5 % seulement. Plus profonds, les minéraux de cuivre sont des sulfures. Le minerai de sulfure de cuivre ne contient, quant à lui, que 1 % de cuivre. Dans les deux cas, il est donc nécessaire de transformer les minerais afin d’en extraire le cuivre. Dans le cas des oxydes, le minerai est dissout dans des grandes piscines d’acide sulfurique, où le cuivre est ensuite collecté par procédé chimique. C’est une méthode rapide et peu coûteuse. Dans le cas des sulfures, le traitement est plus complexe. Le minerai est chauffé à haute température pendant 15 jours, au cours desquels le cuivre est séparé. Cette méthode est très coûteuse car gourmande en énergie.




Quel avenir pour Chuquicamata ? L’avenir est relativement radieux. Sous le fond actuel de la mine, les géologues estiment qu’il y a encore une épaisseur de 1000 mètres de minerais exploitables, soit la même épaisseur que ce qui a été exploité jusqu’à maintenant. Or, il est impossible de creuser un trou de 2000 mètres de profondeur. C’est pourquoi le plan de développement de la mine prévoit qu’en 2020, l’extraction du minerai deviendra souterraine, avec la perforation de galeries. De plus, à quelques kilomètres au sud de Chuquicamata, une autre mine (Mina Sur), plus petite, a vu le jour. Les études géologiques ont montré qu’entre les deux mines existait un autre gisement exploitable. C’est pourquoi, actuellement, la montagne séparant les deux mines est en train d’être rasée, afin de connecter les deux mines, ce qui aboutira à un trou de 10 kilomètres de long ! Mais où s’arrêtera la folie des grandeurs des industriels ?